Deep Space Tourbillon
Réserve de marche: 60 h, 21600 alt/h
Après 6 années de pause créative, Vianney Halter a présenté le 6 juin 2013 sa dernière création.
En rupture stylistique avec ses collections précédentes, il a voulu renouveler sa démarche créative en repartant cependant sur la même base qu’il lui avait inspirée sa tout première montre l’Antiqua.
C’est donc aux chronomètres de marine qu’il a cherché à trouver une nouvelle fois une descendance en tentant de répondre à cette question : quel pourrait être l’ultime instrument du temps qu’emporterait un être humain à bord de son vaisseau d’exploration de l’espace lointain ?
Sa réponse est une montre-bracelet qu’il a nommée DEEP SPACE TOURBILLON.
Aujourd’hui il soumet son DEEP SPACE TOURBILLON à l’appréciation du Jury du Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2013 dans la Catégorie « Innovation ».
Contexte
Les missions spatiales sont les voyages d’explorations d’aujourd’hui tandis que l’espace profond reste à ce jour Terra Incognita.
Jusqu’ici seules des sondes automatiques ont franchi les frontières de notre système solaire mais bientôt des vaisseaux habités rendront possibles les voyages dans l’espace imaginés par les écrivains et les réalisateurs de films.
L’espace est la frontière de l’infini et ceci ne peut que stimuler l’imagination des horlogers.
Chronomètres de marine et explorations des océans
Les explorateurs du XVIIème siècles emportaient à bord de leurs vaisseaux des chronomètres de marine.
Ceux-ci étaient de la plus grande importance car ils étaient indispensables au calcul de la position en longitude des navires en mer.
La méthode consiste à comparer le temps local – déduit de l’observation de la hauteur du soleil – à l’heure du port de départ – tel qu’il peut être lu sur le cadran d’un chronomètre embarqué.
Au XVIIème et XVIIIème siècles, les autorités en France et en Angleterre ont encouragé l’innovation et récompensé les inventeurs qui amélioraient la conservation du temps embarqué et les méthodes de calcul de la longitude.
Ceci entraina le développement technique et la fabrication des chronomètres de marine qui furent une des passions du jeune Vianney Halter.
Ces instruments anciens furent une source d’inspiration pour lui quand il conçut son Antiqua Calendrier Perpétuel, la première de ses montres présentée en 1998 sous la marque “Vianney Halter”.
Les chronomètres de marine étaient, au sens strict du terme, des “garde-temps“.
Ils étaient le lien ultime entre l’équipage en mer et les personnes restées à terre.
Perdu dans l’espace
Les expériences scientifiques les plus récentes ont montré que l’homme dans l’espace perd graduellement la perception de sa position ainsi que celle du temps qui passe.
Dans l’espace, du fait de l’apesanteur, il n’y a plus ni haut, ni bas, ni gauche ni droite ni profondeur.
Dans l’espace lointain, le soleil est devenu une étoile comme une autre et la Terre est une invisible masse rocheuse.
Il n’y a plus ni jour, ni nuit.
Il n’y a plus que l’infini de l’univers environnant, un ciel d’un noir profond piqué de milliard de milliard d’étoiles immobiles.
De surcroît, le lien avec la Terre s’estompe car les radio-communications avec les centres de contrôle prennent des heures ou même des jours pour atteindre les vaisseaux qui s’éloignent à travers le cosmos.
Un être humain dans l’espace est isolé comme l’étaient avant lui les marins en mer.
Un instrument du temps pour les explorations dans l’espace lointain
Pour Vianney Halter, la question récurrente était : quel pourrait être l’ultime instrument du temps qu’un être humain doit emporter avec lui pour un voyage dans l’espace lointain ?
Prenant en compte toutes ces considérations, Vianney Halter a imaginé une montre-bracelet qui serait susceptible de rappeler en permanence à l’homme dans l’espace les quatre dimensions (longueur, hauteur, profondeur et temps) qui sont son cadre de référence quand il est sur la Terre.
Plutôt qu’un instrument scientifique, cette montre doit être un objet philosophique qui maintiendrait un lien intangible entre l’équipage d’un vaisseau spatial et l’Humanité qui les a envoyé comme explorateurs et ambassadeurs.
Le résultat de cette réflexion est une montre-bracelet qui ne se contente pas d’afficher le temps mais qui décrit également le mouvement dans toutes les dimensions de l’espace.
Pour les voyageurs de l’espace lointain, Vianney Halter a créé une montre avec un tourbillon 3 axes qu’il a nommée DEEP SPACE TOURBILLON.
Le Premier Contact
Dès le premier coup d’oeil, Deep Space Tourbillon vous plonge dans un univers étrangement familier, fait d’un mélange de visions futuristes et d’images actuelles de l’exploration spatiale.
Sous un dôme de saphir surmontant un boîtier en titane de forme ronde, apparait un impressionnant tourbillon 3 axes, implanté au centre de la montre.
Celui-ci est ceinturé d’un anneau gradué d’un « chemin de fer » curieusement classique.
Deux aiguilles courbes en acier bleui surgissent de la périphérie de la montre et semblent se pencher au-dessus du tourbillon
L’ensemble est saisissant, certes, mais le tourbillon lui-même est proprement hypnotique.
La cage du tourbillon – qui contient le balancier, l’ancre et la roue d’échappement - tourne sur lui-même en 40 secondes. C’est le premier axe.
Elle est montée dans une structure ultra légère qui effectue une rotation en 6 mn autour d’un deuxième axe, perpendiculaire à celui de la cage.
Le tout est suspendu dans un berceau qui tourne en 30 mn dans le plan de la montre. Voici le troisième axe.
Grâce à cette désynchronisation des vitesses de rotation, le tourbillon tourne dans une ronde sans fin, découvrant seconde après seconde un point de vue différent sur le délicat mécanisme.
Il n’y a rien de chronométrique dans le choix de ces différentes durées de révolution. C’est un choix davantage philosophique : chaque dimension (axe) a son propre rythme, son propre temps.
Le temps est lui-même représenté par les aiguilles d’heures et de minutes qui encerclent le tourbillon trois axes.
Ceci complète la représentation de l’espace quadri-dimensionnel voulue par Vianney Halter à l’intention du voyageur de l’espace lointain.
Souvenirs d’un temps futur
Une curieuse impression de déjà vu émane de cette montre.
Des images subliminales apparaissent : le casque de Neil Amstrong en juillet 1969, l’énigmatique oeil-objectif de HAL 9000 de “2001, odyssée de l’espace“, les dômes-serres de “Silent running“, la sonde automatique soviétique Lunokhod, l’antenne rotative de Robbi le Robot dans “Planète Interdite“, la station spatiale Deep Space 9 de “Star Trek“ .... et beaucoup d’autres.
Rien de vraiment surprenant quand on sait combien la recherche scientifique et les films de science-fiction sont l’univers favori de Vianney Halter et parmi ses sources d’inspiration.
Cependant, Deep Space Tourbillon n’est pas une copie servile d’un accessoire venu de l’industrie cinématographique ou – pire – un mélange indigeste de détails pris ça et là.
C’est plutôt un pot-pourri subtil fait des différentes influences culturelles auxquelles Vianney Halter est sensible. Celles-ci ont été traduites en une véritable pièce horlogère, grâce à l’expérience, la rigueur et le travail d’un horloger authentique.
Design et Innovation
Deep Space Tourbillon mets en scène une invention qui, vieille de plus de deux cents ans, appartient désormais à l’horlogerie traditionnelle.
Cependant, Vianney Halter en a conçu une version sophistiquée en faisant tournoyer son tourbillon sur 3 axes et en le plaçant au centre de son mouvement – ce qui constitue une première mondiale.
De plus, la rotation autour du troisième axe se fait grâce a un système de berceau ouvert plutôt qu’une cage fermée, afin d’en rendre le spectacle le plus visible possible.
Pour cela, le berceau est supporté d’un seul côté par un roulement à bille selon un dispositif qui fait l’objet d’une demande de brevet.
“Un voyage fantastique au-delà de l’infini”
(crédit : 2001, a space odyssey by Stanley Kubrick)
Comme Vianney Halter le disait dans son discours du Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2011 : “ l’horlogerie est un voyage d’exploration. “
Il a commencé ce voyage avec l’Antiqua, inspirée des chronomètres de marine du XVIIIème siècle. Il le poursuit “au-delà de l’infini“ avec cette nouvelle montre.
La Deep Space Tourbillon est sa nouvelle – mais certainement pas dernière – contribution à l’art contemporain de l’horlogerie.